Au mois de novembre, j’ai mis quelques affaires en carton, placé le tout avec mes plantes vertes et mon vélo dans un berlingo déclassé de la Poste, et pris la route de l’ouest, à la découverte d’une nouvelle vie. J’ai dit au revoir à Paris.

Cela faisait plusieurs années que l’idée de partir me trottait dans la tête mais la décision a été réellement prise de me mettre en mouvement lors de mon séjour lyonnais. Et depuis, bien avant de savoir où et quand je partais, nombreuses de mes déambulations parisiennes ont eu ce petit goût de nostalgie et de tendresse. J’ai mis du temps à comprendre à quoi ou à qui je pensais en marchant, à qui je faisais mes adieux finalement.
Et c’est lors d’un trajet en bus (le 96, le fidèle destrier des habitants de Ménilmontant) que j’ai compris… Une jeune femme, encore étudiante je pense, était au téléphone avec une copine et lui racontait avec enthousiasme sa vie parisienne, les rencontres qu’elle faisait, les cafés qu’elle fréquentait, les expositions et les évènements auxquels elle participait… Je me suis alors retrouvée face à celle que j’ai été : cette jeune femme qui débarque à Paris et qui s’élance à corps perdu dans cette nouvelle vie.
Ces derniers mois (surtout au printemps car l’automne a été très chaotique pour des raisons personnelles vraiment pas agréables), j’ai donc arpenté les rues de Paris, toujours avec cette envie de créer de nouveaux circuits à partager ici. Cependant, le coeur et l’envie n’y étaient plus vraiment présents. J’étais prise dans un élan d’au revoir plutôt que de découverte. Je verrais si je partagerais plus tard ces déambulations.
Alors j’ai eu envie de partager ici quelques images parisiennes de 2024 afin de refermer ce chapitre de quinze années dans la capitale (et oui !). Me remémorer la jeune femme que j’étais, celle qui rêvait de découvrir cette ville racontée dans les films de Cédric Klapisch (j’avais 20 ans, d’accord ?!), où vivait tout les gens intéressants que je lisais dans les Inrocks et écoutais sur France Inter en espérant, un jour, avoir autant de culture et de bagout qu’eux (j’avais 20 ans, je le rappelle !) et qui, arrivée à la ville, n’osais pas rentrer dans un musée de peur de ne pas avoir les codes, d’être moquée.
Celle qui s’est mise peu à peu à marcher au hasard des rues, son plan à la main (je me souviens encore de ma découverte des vitrines de Noël du Printemps – j’étais subjuguée) ; celle qui a rencontré les blogs et leurs univers offrant une fenêtre et une grille de lecture de Paris ; et celle qui, finalement, a fait partie de cette communauté. J’y ai découvert tant de lieux, de façon d’appréhender la ville et, grâce à cet espace, tant de portes se sont ouvertes à moi.
J’ai grandi dans cette ville, suis devenue une adulte, une femme. J’ai pris des décisions importantes, fait des choix de vie ; dit au revoir (et adieu) à des personnes que j’aimais, en ai rencontré d’autres, traversé des épisodes dépressifs plus ou moins durs et long à gérer. J’ai vécu. Paris a été témoin de tout cela – voire même actrice parfois. Forcément, certains lieux parlent de ces épisodes et ont une résonnance particulière. En marchant, j’ai revu et dit au revoir à ces moments.
Merci Paris pour toutes ces opportunités, ces ponts qui m’ont été offert et qui ont participé à créer celle que je suis devenue.
Les dessous des images
Pêle mêle ci-dessous les chouettes découvertes faites en 2024 qui se cachent derrière les photos de l’article :
La très belle exposition consacrée à Harriet Backer au Musée d’Orsay – les sujets (notamment les femmes qui se consacrent à leur loisirs « intérieurs ») m’ont beaucoup parlé et touché ;
Après avoir découvert la Fondation Louis Vuitton très tardivement à l’occasion de la formidable exposition Mitchell – Monet, nous y sommes retournés pour découvrir les tableaux de Rothko. J’ai été moins touchée que par l’oeuvre de Joan Mitchell mais, depuis, je m’amuse à regarder les paysages en grands aplats de couleurs ;
Dernier coup de cœur expo : Bruno Liljefors au Petit Palais. Pendant le temps de la déambulation, je me suis retrouvée en peine nature, à observer les animaux et les grands paysages de la Suède. C’était merveilleux ;
Je suis allée à la Philharmonie de Paris faire ma groupie au mois de mai dernier à l’occasion d’un récital de piano donné par Alexandre Tharaud. En ressortant, j’ai eu envie de me plonger dans des pièces plus récentes que celles dont j’ai l’habitude de travailler au piano. Affaire à suivre…
En 2024, j’ai également continué de visiter des bâtiments du XXe siècle, majoritairement dessinés par Le Corbusier : son appartement-atelier (dont j’ai fait un article) et le Pavillon Suisse à la Cité Universitaire. Je sais bien que le personnage n’est pas vraiment des plus recommandables mais la vision de la première moitié du XXe qui se reflète à travers ces bâtiments me fascine.
Un petit pois sur dix qui quitte Paris… à la lecture du titre, j’ai cru être obligé de lire la date de l’article… sait-on jamais, nous sommes proches du 1er avril. Je me doutais que non. Sans se connaître pourtant cette annonce m’a fait quelque chose !
Cette ville restera liée à ta vie et ses sentiments.
J’ose imaginer comme tes dernières balades ont dû avoir eu une saveur particulière, emprunte d’une certaine mélancolie. Chaque petit détail d’apparence insignifiante prend alors son importance, une valeur et une saveur que l’on n’aurait jamais soupçonnées. Comme des souvenirs déposés ici et là, là où ne l’aurait jamais imaginé d’avance.
Je le dis en extrapolant une expérience personnelle, mais je ne peux que l’i’e supposer après ces 15 ans années passées pour toi dans la capitale qui t’a vue grandir.
Tu parles de Klapisch et je trouve que c’est extrêmement bien décrit dans l’Auberge espagnole lorsque le protagoniste arrive à Barcelone, que la ville lui est inconnue mais que tout s’assemblera avec l’histoire que l’on aura créée avec.
De la mélancolie peut-être mais positive avec cette belle envie de partir et redécouvrir autre chose. Et pourquoi pas revenir de temps à autre pleine d’émotions à revoir Paris peut-être !
Merci d’avoir si joliment partagé tes découvertes au travers de ces balades parisiennes, avec une belle sensibilité et ton regard personnel au travers de tes photos.
Je te souhaite plein de belles découvertes dans ta nouvelle vie.
Michaël (RandoNavigo)
Merci Michaël pour ce si gentil et beau commentaire
Et merci pour ton site également : il m’a beaucoup aidé à sortir de Paris et me rendre compte que, même sans voiture, on pouvait voir de la nature en Ile de France et faire de belles découvertes. Cela m’a aidé à tenir quelques années de plus dans la capitale !
Merci beaucoup ! Toujours ravi de faire découvrir des coins sympas d’Ile-de-France accessibles sans voiture tout comme j’ai pu le découvrir et en être moi-même étonné à l’origine.
J’avoue que bien souvent c’est par dépit d’une grande envie d’espace et d’évasion, mais c’est déjà pas mal. Et ça fait plaisir si les idées sur mon petit site permettent d’aider à tenir un peu plus longtemps