Je vous emmène aujourd’hui dans un arrondissement qui m’est cher : le dix-huitième. C’est en effet dans ce grand patchwork de quartiers que j’ai emménagé lorsque j’ai débarqué à Paris il y a quelques années maintenant. Je vous propose donc une longue balade, qui débute au 104 (qui est à la toute limite, dans le 19e) et se finira dans le quartier des Abbesses – une belle façon d’appréhender une partie des ambiances de cet arrondissement. Afin d’éviter l’indigestion visuelle – j’ai encore beaucoup (trop ?) mitraillé – celle-ci se fera en deux parties, avec comme étape à mi-parcours la station de métro Barbès-Rochechouard.
•| Le CENTQUATRE |•
La promenade débute donc au 104, établissement culturel de la ville de Paris et un de mes lieux chouchou. Il prend place dans les anciens locaux du service municipal des pompes funèbres, deux immenses halles couvertes qui nous font perdre un peu la notion de l’espace et de l’endroit où nous sommes. J’aime beaucoup cet espace qui, en plus de proposer des événements artistiques (expositions, spectacles et concerts…), est avant tout d’un lieu de vie que les riverains et parisiens se sont véritablement approprié. Le weekend, les nefs, jusqu’à leurs plus petits recoins, grouillent de monde, d’enfants qui jouent et surtout de danseurs et d’acrobates qui répètent dans un joyeux brouhaha général sous l’œil attentif des plus âgés installés sur des bancs. Je m’y suis rendue cette fois-ci à la fin du mois d’août : l’ambiance était donc plus tranquille et propice à la dégustation d’une glace sur un des transats puis à de la lecture dans la superbe librairie du Merle Moqueur.
•| Rosa Parks fait le mur et les Jardins d’Eole |•
Juste en face de la sortie au 104 rue d’Aubervilliers, se trouve un immense mur dédié sur 500m au street art. Inauguré à la fin 2015 à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle gare de RER E, cette oeuvre monumentale, Rosa Parks fait le mur, est encore visible aujourd’hui et vaut le détour !
Toujours quelques mètres plus loin, vous pouvez vous promener dans les Jardins d’Eole, un parc encore jeune (livré en 2007) qui s’étire le long des voies ferrées de la gare de l’Est. Ce positionnement donne lieu à de drôles et belles perspectives depuis les pelouses ou le ponton en bois.
Il est désormais temps de traverser ces voies pour aller découvrir ce drôle d’entrepôt que l’on voit en face…
•| Le Jardin Ecobox |•
Si vous êtes motivés, je vous propose de faire un crochet vers les Jardins Ecobox avant de vous diriger vers la halle Pajol. Ce grand jardin partagé, créé sous l’impulsion de l’Atelier d’Architecture Autogérée, prend place sur un parking de 2 300m² implanté le long des voies ferrées, cette fois-ci de la gare du Nord. Les fruits et légumes, petite jungle urbaine, sont plantés dans des jardinières fabriquées à partir de matériaux de récupération, le tout formant un joyeux mélange fait de bric et de broc !
•| La Halle Pajol |•
Revenons sur nos pas pour découvrir maintenant la Halle Pajol, drôle d’objet installé également le long des voies ferrées de la gare de l’Est, face aux Jardins d’Éole. Il s’agit d’une ancienne halle à structure métallique qui était utilisée durant le XXe siècle pour le chargement et déchargement des colis postaux affrétés par train. Avec le bâtiment en béton voisin, cet ensemble composait les « Messageries de l’Est ». La reconversion (2011-2013) a donné lieu à la création d’un bâtiment à façade bois et son toit, à la forme caractéristique des entrepôts, accueille des panneaux photovoltaïques : l’ambition était en effet de créer un bâtiment à énergie positive. L’ensemble accueille aujourd’hui – entre autre – un jardin, une bibliothèque, une auberge de jeunesse et des commerces.
Nous redescendons ensuite la rue Pajol jusqu’au croisement avec la rue du Département. La promenade nous fait passer le long du quartier hindou de Paris dans lequel nous nous baladerons pas aujourd’hui – mais qui fera surement l’objet d’un article un jour ! Si vous voulez vous plonger dans cette ambiance, je peux vous suggérer de (re)lire mon article sur la fête de Ganesh qui a lieu tous les ans à la fin du mois d’août.
•| Le Bois Dormoy |•
Un petit bois insolite est niché pas loin de l’avenue Marx Dormoy, Cité de la Chapelle. Cette dent creuse abrite saules, érables, peupliers et plantes sauvages ainsi que quelques parcelles de jardins partagés. M. Chat et d’autres artistes sont venus habiller les murs de cette parcelle de nature en ville.
•| L’entrée dans la Goutte d’or |•
Traversons les voies ferrées de la gare du Nord pour entrer dans la Goutte d’Or, quartier encore très populaire et cosmopolite, qui sent bon l’Afrique à Paris. Dépaysement assuré !
La rue des Gardes accueille de nombreuses boutiques et ateliers de créateurs dans lesquels il est agréable de flâner. J’ai particulièrement aimé regarder travailler les élèves de l’association Michel Boudoux Bottier qui réalisent des chaussures pour femmes sur mesure. Malheureusement, et cela vaut pour l’ensemble de ma promenade dans la Goutte d’Or, je suis beaucoup trop timide pour oser prendre en photo les gens qui composent ce quartier. Mes images ne montrent donc pas vraiment la réalité de l’endroit qui est, de toute manière, assez complexe à décrire : cet ensemble de sons, de visages, d’odeurs, de discussions… est bien difficile à capter avec un seul appareil photo. Mais cela vous encourage donc à aller voir tout cela par vous même !
•| La Brasserie La Goutte d’or |•
Au croisement de la rue des Gardes et de la rue de la Goutte d’Or se trouve la brasserie de la Goutte d’Or qui ouvre ces portes plusieurs fois par semaine aux curieux désireux d’en savoir plus sur le processus de fabrication de la bière en général et sur les bières de la brasserie en particulier. Nous avons passé un très bon moment en présence du fondateur avec qui des potentiels futurs brasseurs ont pu échanger longuement ! Quant à moi, je suis repartie avec deux de mes chouchoutes : La Myrha et la Hop Bless America.
•| La Villa Poissonnière|•
Dernière étape de la balade avant la pause à mi-parcours : la Villa Poissonnière ! Cette petite ruelle pavée, assez surprenante dans le quartier, a été habitée par Alain Bashung avant sa mort. Attention, la voie est privée : un riverain m’a ouvert la grille.
La suite de la balade au prochain rendez-vous !
•| Les adresses|•
Brasserie La Goutte d’Or
28 rue de la Goutte d’Or
Ouvert les jeudi et vendredi 17h-19h et le samedi 14h-19h
•| L’itinéraire|•
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Merci pour la ballade dans ce super quartier!
Mais de rien, j’espère qu’elle t’a inspirée !
Waouh superbe balade, surtout pour moi qui ne connait pas grand chose de Paris. J’attends la suite!
D’ici une bonne semaine pour la suite 🙂
J’espère que cette promenade t’a donné (un peu) envie de parcourir Paris à pied lors d’un séjour…
Si je connais pas mal l’ouest du 18ème, j’ignore tout de l’est de cet arrondissement. Et puis, rien que pour les Jardins d’Eole, il faut que j’y aille !
Contente que cet article te donne envie d’arpenter les rues du 18e 🙂
Je ne l’ai pas mentionné dans mon article car c’est le genre d’info qui fluctue mais, en ce moment, le jardin d’Eole n’est pas très bien fréquenté. Ce qui n’était pas du tout le cas quand j’habitais dans le 18e.
Mais c’est un jardin très intéressant, en particulier car il a fait l’objet d’une forte concertation préalable avec une mission de maîtrise d’oeuvre sociologique ! (http://www.annalesdelarechercheurbaine.fr/IMG/pdf/105renaud_tonnelat.pdf). Un fait plutôt rare qui mérite d’être souligné…
L’un des paysagistes de Michel Desvigne m’a dit que c’était devenu un « haut lieu de la vente de drogue » … Mais bon, j’imagine que si l’on ne prend pas de photo, il n’y a pas trop de risque !
C’est en effet un des problèmes mais qui était déjà présent avant la réalisation du parc. Un des enjeux était d’ailleurs de faire partir les dealers de la rue d’Aubervilliers, ce qui a fonctionné un temps…